Bordeaux: la CGT emmène Ford en justice

Le syndicat accuse le constructeur américain de sacrifier le site de Blanquefort (800 salariés) « sans motifs économiques ». Il compte sur le soutien de l’Etat pour appuyer sa défense.

Le dossier, bouclé, est déposé ce vendredi devant le tribunal de grande instance de Bordeaux. La CGT, syndicat majoritaire au sein de l’usine Ford de Blanquefort (Gironde), voué au démantèlement par suite du désengagement de son actionnaire principal, souhaite demander des comptes au constructeur et tenter « le tout pour le tout » pour déjouer le projet de fermeture. L’une des voix de la procédure est une figure médiatique : Philippe Poutou, ex-candidat à l’élection présidentielle (2012 et 2017) et délégué CGT à l’usine de Blanquefort. Récemment reçu à Bercy, le militant compte obtenir le soutien de l’Etat et, à travers lui, celui du ministre de l’Economie Bruno Le Maire et même du président de la République Emmanuel Macron qui avaient dénoncé la stratégie d’abandon menée par la marque automobile. En février 2018, Ford, avait annoncé son intention de cesser ses investissement dans le site girondin , cinq après en avoir repris les rênes avec le soutien des autorités françaises et des collectivités locales concernées.

500 licenciements économiques

Ce désengagement, dépourvu de projet continuation, a été vécu comme une trahison par les 800 salariés, d’autant plus durement que leur direction a refusé, en début d’année, l’offre de reprise émise par le strasbourgeois Punch-Powerglide, seul candidat en lice. Une décision que le chef de l’Etat en personne aurait, à l’époque, qualifiée de « lâche, hostile et incompréhensible » affirme l’avocat du plaignant, Philippe Brun. D’où son appel du pied en direction de l’Eysée, de Matignon et de Bercy dont le syndicat espère qu’il appuiera son argumentaire devant le TGI.

Philippe Poutou parle de son côté de « tenter l’exploit », rien moins que pour « pour essayer d’empêcher la fermeture de l’usine et les licenciements », arguant que le retrait de Fort ne se fonde sur « aucun motif économique ».

Installée à Blanquefort depuis 1972, l’usine s’était spécialisée dans la fabrication de boîtes de vitesse pour les modèles de véhicules écoulés par la marque américaine sur les marchés mondiaux. A son pic d’activité, le site a compté jusqu’à 3600 salariés au seuil des années 2000. En l’état actuel des choses, sa fermeture est programmée le 30 septembre et la production sera stoppée dès la fin juillet.

La moitié de l’effectif (entre 300 et 400 salariés) devrait pouvoir partir en préretraite. Le personnel restant (entre 400 et 500 personnes) va se voir notifier un licenciement économique. Quelques dizaines de reclassements seraient prévues dans l’usine voisine GTF, co-détenue par Ford et le canadien Magna.

Post author

Journaliste de formation, j'occupe actuellement la fonction de rédacteur au sein du réseau des sites Internet de services aux entreprises du groupe Libbre. Je peux justifier d'une expérience de six ans dans la presse quotidienne angevine au sein de trois quotidiens : la Nouvelle République, Ouest-France puis le journal majoritaire en Maine-et-Loire : le Courrier de l'Ouest (2007-2009).

Laisser une réponse