Démolir un restaurant sur internet n’est pas sans conséquence : une blogueuse de Gironde en a fait les frais début juin, suite à une décision du tribunal de grande instance de Bordeaux.
Véritable plaque tournante de la liberté d’expression et des opinions débridées, Internet peut vite devenir un cauchemar pour les commerçants. Il y a un an, un blogueuse prénommée L’Irrégulière avait publié une critique acerbe visant un restaurant du Cap-Ferret dans lequel elle avait pourtant l’habitude d’aller « une ou deux fois par an ». Mais, cette fois-là, les choses ne s’étaient pas très bien passées. On ne va pas rentrer dans les détails, mais la blogueuse flingueuse s’est notamment plainte d’un personnel malaimable et désorganisé.
Bref, on s’en doute, les propriétaires de la pizzeria ne se sont pas reconnus dans ce portrait au vitriol, qu’ils ont découvert sur internet, plusieurs semaines après sa publication. Entre-temps, leur restaurant a connu une baisse de fréquentation. Faut-il y voir une relation de cause à effet ? Peut-être car l’article en question était très bien référencé par Google : n’importe quel internaute saisissant le nom du restaurant dans le moteur de recherche tombait immanquablement ou presque sur ce titre incendiaire qui commençait cruellement par… « L’endroit à éviter au Cap-Ferret… »
Atteints dans leur image, les restaurateurs ont donc décidé de porter plainte. Le tribunal de grande instance de Bordeaux leur a donné raison : les juges ont estimé que la blogueuse n’avait pas à citer le nom du restaurant ni à en préciser la localisation. Mais qui peut préjuger de l’usage qu’en fera Google ? Car l’article aurait, sur la décision arbitraire du moteur, pu être relégué aux oubliettes, et poussé en deuxième ou troisième page, opération qui l’aurait, de fait, rendu inoffensif. A l’arrivée, la bien nommée L’irrégulière a été condamnée à verser 1 500 euros au titre des dommages et intérêts, et 1 000 euros de frais de procédure. Elle a, depuis, retiré l’article de son blog.